La civilisation émergente du numérique indique la nature technique des sociétés. Or, la technique, en son identité est an-éthique et an-anthropologique. Ce qui constitue un défi pour les cultures qui se déterminent encore par l’éthique et l’humanisme. Comment concilier l’idée que les hommes se font de l’humanité sur l’horizon morale qui guide leurs actes et le savoir-faire des technologies fondées sur l’efficacité et la puissance par-delà bien et mal ? C’est la synthèse qu’on pourrait faire des articles publiés dans ce numéro 9 de la RSS-PASRES.
C’est ainsi que le texte d’Adayé Ahouma, «Ethique-Euthanasie: Enjeux éthiques du refus de médecins québécois» s’intéresse à l’aide médicale à mourir, c’est- à-dire à l’euthanasie et les nombreuses implications qui en découlent.
La civilisation techno-scientifique du numérique est cancengene pour les pratiques sociales qui ne l’intègrent pas. « La gestion thérapeutique des maladies infantiles par les femmes à Abidjan » d’Ainyakou et Dayoro montre les difficultés médicales de populations périphériques à la mégalopole d’Abidjan. Elle est aussi source de conflits dans le contenu ouvert qu’elle donne à la liberté comme l’expliquent Bah et Dago dans l’article « De la pluralité syndicale à la violence dans le transport urbain en Côte d’Ivoire». Ces conflits s’étendent à la gestion du patrimoine foncier lorsque les technopoles urbaines débordent sur les territoires ruraux transformés en banlieux. En pareille situation, comment sécuriser le foncier et l’immobilier dans les pays d’Afrique subsaharienne? Berté Nouvou et Atta Ko:ffi proposent comme solution« l’adressage des villes» au problème de l’insécurité chronique de l’occupation foncière.
L’insécurité des personnes et des biens, de plus en plus grandissante, met à mal la finalité de l’Etat-Nation qui est de garantir la paix sociale par le monopole exclusif de la violence. Aujourd’hui, l’économie mondiale transfrontalière impose de repenser la nature du pouvoir politique qui ne peut plus être celui de l’Etat-Nation selon Diomand Aïkpa dans ses réflexions sur « L’Etat-Nation dans dans la tourmente de l’économie mondiale».
Dans cette économie mondiale, la part de l’économie ivoirienne est constituée principalement de matières premières comme l’hévéa dont la culture, pour être rentable, exige une vigoureuse « politique de restructuration et de promotion », d’après les conclusions des recherches de Brindoumi Atta sur« l’hévéaculture villageoise et ses conséquences de 1994 à 2012 ».Peu à peu, tout devient commercial : Kanga Marie-Jeanne parle l’arachide, à Abidjan, de « l’auto-consommation à l’économie de marché» comme pour confirmer que la véritable logique au fondement de la civilisation du numérique est la logique du marché.
Les véritables questions dans un tel monde sont: qu’est-ce qu’on ne peut pas acheter ou vendre? Y a-t-il encore quelque chose que l’argent ne saurait acheter, du sous-sol à l’espace et à l’environnement, des animaux aux hommes lorsqu’on pense à toutes les dérives que permettent nos capacités technologiques?
Secrétaire Exécutif du PASRES
Docteur SANGARE Yaya
